lundi 21 mars 2011

Fukushima = Tchernobyl ?

C'est grâce au site "manicore" de Jean-Marc Jancovici que j'ai été sensibilisé il y a quelques années au problème du réchauffement climatique. Je lui en suis reconnaissant. Cependant, quand je suis tombé sur cet article : Fukushima = Tchernobyl ?, j'ai ressenti un certain malaise. 

Généralement Jean-Marc Jancovici est le premier a avancer l'argument de l'impossibilité de chiffrer le coût future des conséquences du réchauffement climatiques. A l'inverse, dans cet article, il s'efforce de faire une sorte de froide analyse du rapport coût/bénéfice du nucléaire. Je serais curieux de savoir pourquoi le premier argument ne s'appliquerait pas au nucléaire : comment chiffrer  le coût de la perte d'un territoire de quelques centaines de km2 condamné pour 10 000 ans pour cause de contamination au plutonium ? Sachant que l'argument du "ça n'arrivera pas" n'est maintenant plus recevable.


Je me permet de recopier ici un commentaire en dessous de l'article que j'ai trouvé très convainquant :
Yann Quero
Le message de Laurent en "soutien à M. Jancovici" est assez triste de naïveté et de maladresse. Puisque mon commentaire a été attaqué ad hominem en me suggérant avec une certaine condescendance de, je le cite: "Approfondi le sujet du nucléaire, tu es loin de compte. N'espère pas donner un cours aux lecteurs de ce site, ils sont d'un niveau supérieur". Je préciserais que je suis titulaire d'un doctorat, qui est sans doute (vu son type d'argumentaire) un niveau d'études supérieur à celui de Laurent et en tout cas supérieur à celui de celui de M. Jancovici qui est "seulement" ingénieur. Mais n'entrons pas dans le débat des titres ou des diplômes, ni dans celui de qui est un "grand expert". Regardons simplement les faits. Le travail de synthèse sur le réchauffement climatique du site web de M. Jancovici est effectivement plutôt bien réalisé, mais cela ne fait pas de lui un "expert en tout" et notamment en nucléaire. A ce titre, sa manière d'argumenter est même pour le moins surprenante et laisse penser que sa finalité est de défendre le nucléaire "à tout prix", y compris en masquant les éléments qui le dérangent. Par exemple, en un petit raccourci, M. Jancovici annonce au début de sa présentation: "Je dit (sic) 'le réacteur' mais ca concerne tous ceux de Fukushima, qui ont tous eux (resic) à peu près le même pépin." L'expression "à peu près le même pépin", outre son caractère euphémistique est plus qu'approximative, elle est franchement erroné, puisque le réacteur n°3 contient du Mox, c'est à dire du plutonium. Ce n'est pas du tout anodin, car le plutonium a une demi-vie de 24.000 ans, c'est-à-dire que dans 24.000 ans, le plutonium qui est en train de se rependre à l'extérieur de la centrale n'aura diminué que de moitié. Or M.Jancovici parle de l'iode, du xenon, du krypton... mais il "oublie" de parler du plutonium. En revanche, il nous dit qu'il n'y a pas à s'inquiéter, puisque la demi-vie des isotopes libérés par les réacteurs de Fukushima "va de quelques heures à quelques jours". Du point de vue de la rigueur scientifique, on peut considérer qu'une telle affirmation relève au mieux d'un oubli extrêmement grave, mais sans doute plutôt de la désinformation caractérisée. Je ne me lancerais pas dans un cours d'analyse textuel critique détaillé de l'ensemble de ses arguments (ce serait un peu long), mais on pourrait multiplier les exemples de ce type ou d'autres. N'est-il pas en effet spécieux de dire qu'on peut continuer à promouvoir le nucléaire parce que le tabac fait jusqu'à 5 millions de morts par an et que le nucléaire a moins tué jusqu'à maintenant? N'est-il pas étonnant aussi de défendre les centrales nucléaires en disant que le tsunami a aussi détruit des centrales au charbon? Les énormes risques liés au réchauffement climatique, que M. Jancovici souligne à très juste titre sur son site web, ne justifient pas qu'il les instrumentalise pour défendre le nucléaire, qui présente lui aussi d'énormes risques. Et pourtant, malgré tout cela, je serais même peut-être prêt à suivre M. Jancovici, et à courir ces risques avec lui et avec tous les autres habitants de la planète, si le nucléaire était une énergie d'avenir. Mais le nucléaire ne constitue qu'une énergie d'appoint très limitée, compte tenu des réserves d'uranium qui sont de 70 à 100 ans pour un niveau actuel de production d'énergie finale correspondant à 3% de la consommation mondiale. Dans ce contexte, le risque du nucléaire est démesuré au regard de son apport plus que minime. Mieux vaut donc aujourd'hui investir dans de vraies énergies d'avenir.

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