lundi 25 juin 2012

Interview de Dennis Meadows

Un interview dans le monde de Dennis Meadows, par Stéphane Foucart et Hervé Kempf. Si vous n'avez qu'un article à lire dans le mois, c'est celui là :


En mars 1972, répondant à une commande d'un think tank basé à Zurich (Suisse) - le Club de Rome -, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient The Limits to Growth, un rapport modélisant les conséquences possibles du maintien de la croissance économique sur le long terme. De passage à Paris , mercredi 23 mai, à l'occasion de la publication en français de la dernière édition de ce texte qui fait date (Les Limites à la croissance, Rue de l'Echiquier, coll. "Inital(e)s DD", 408 p., 25 euros), son premier auteur, le physicien américain Dennis Meadows, 69 ans, a répondu aux questions du Monde.
Quel bilan tirez-vous, quarante ans après la publication du rapport de 1972 ? 
D'abord, le titre n'était pas bon. La vraie question n'est pas en réalité les limites à la croissance, mais la dynamique de la croissance. Car tout scientifique comprend qu'il y a des limites physiques à la croissance de la population, de la consommation énergétique, du PIB, etc. Les questions intéressantes sont plutôt de savoir ce qui cause cette croissance et quelles seront les conséquences de sa rencontre avec les limites physiques du système. Pourtant, l'idée commune est, aujourd'hui encore, qu'il n'y a pas de limites. Et lorsque vous démontrez qu'il y en a, on vous répond généralement que ce n'est pas grave parce que l'on s'approchera de cette limite de manière ordonnée et tranquille pour s'arrêter en douceur grâce aux lois du marché. Ce que nous démontrions en 1972, et qui reste valable quarante ans plus tard, est que cela n'est pas possible : le franchissement des limites physiques du système conduit à un effondrement. Avec la crise financière, on voit le même mécanisme de franchissement d'une limite, celle de l'endettement : on voit que les choses ne se passent pas tranquillement. 
Qu'entendez-vous par effondrement ? 
La réponse technique est qu'un effondrement est un processus qui implique ce que l'on appelle une "boucle de rétroaction positive", c'est-à-dire un phénomène qui renforce ce qui le provoque. Par exemple, regardez ce qui se passe en Grèce : la population perd sa confiance dans la monnaie. Donc elle retire ses fonds de ses banques. Donc les banques sont fragilisées. Donc les gens retirent encore plus leur argent des banques, etc. Ce genre de processus mène à l'effondrement. On peut aussi faire une réponse non technique : l'effondrement caractérise une société qui devient de moins en moins capable de satisfaire les besoins élémentaires : nourriture, santé, éducation, sécurité.  

vendredi 22 juin 2012

Hans Rosling et la fantastique machine à laver

Hans Rosling dans ses autres conférences voit et nous montre le progrès en marche. Il faut préciser que lorsque l'on remet en cause la notion de progrès, on ne rejette pas en bloc tout bien être matériel, toute évolution scientifique et toute avancée technologique. Ce dont on parle lorsque l'on remet en cause la notion de progrès c'est de contre-productivité, de lois des rendements décroissants de la technologie ou encore de fragilité des systèmes complexes. Cependant il reste vrai que la majorité des gens sur cette planète a le droit au développement économique, à l'enrichissement ...etc

Ici, Hans Rosling est très convaincant quand il fait de la machine à laver l'objet le plus fondamental, le plus symbolique du progrès des 100 dernières années .

mardi 19 juin 2012

Équivalent esclaves

L’équivalent esclave est une unité d'energie chère à Jean-Marc Jancovici
Il est vrai qu'elle a certains avantages : 
  • C'est une unité plus concrète que les tonnes équivalent pétrole, les barril de brut, les KWh , les Joules, Calories et j'en oublie.
  • Elle relie la notion d’énergie à quelque-chose que chacun peut appréhender très intuitivement.
  • Elle souligne le contraste entre nos consommations et celles d'une civilisation pré-industrielle
  • Elle est un brin provocatrice...

Sur ce principe, voici un petit graphique, que j'ai redessiné à partir de celui-ci qui représente la consommation d'énergie par usages en France :

Consommation d'énergie par usages en France en équivalent-esclaves

lundi 11 juin 2012

Entropie

L'entropie est en quelque sorte la mesure du désordre d'un système. C'est à l'origine un concept de thermodynamique mais qui a été généralisé à beaucoup d'autres domaines. 




Entropie et Énergie :
Le fait qu'il y a toujours conservation de l’énergie et le fait que l’énergie s’épuise ne sont-t-ils pas deux faits contradictoires ? La réponse est non : il y a toujours conservation de l'énergie mais on ne peut utiliser l'énergie que dans un seul sens, le sens de l'augmentation de l'entropie.

Entropie et Temps : 
En physique, les équations sont  réversibles, on peut les faire tourner dans un sens ou dans l'autre. Dans la vrai vie l'axe du temps n'a qu'un seul sens. Il se trouve que l'entropie est la notion physique qui ne va aussi que dans un sens : un système va toujours dans le sens de l'augmentation de son entropie. La notion d'entropie et la flèche du temps sont indubitablement liées. 

Entropie et Biologie  : 
La vie semble aller dans le sens inverse de l'entropie vers des systèmes toujours plus complexes. Pour cela toute vie a besoin d'un flot d’énergie continu pour lutter contre l'entropie, la dégradation, le vieillissement, la mort. 

Entropie et Economie :
Comme dans tous les domaines évoqués précédemment, plus un système se complexifie, plus il nécessite un flot continu d’énergie d'ou l’idée que mondialisation et sobriété énergétique sont incompatibles et qu'inversement pic pétrolier = dé-mondialisation.



lundi 4 juin 2012

L’efficacité est le chemin le plus sure vers l'enfer

Howard Kunsler résume très bien une idée qu'un économiste libéral ne pourra jamais comprendre parce ça nécessiterait pour lui un changement de paradigme trop profond : l’efficacité est le chemin le plus sure vers l'enfer.



Depuis la révolution industrielle nous avons oublié à quel point l’énergie pas chère a façonnée notre société. Associé au capitalisme cela a crée une économie à entropie élevée. 
Prenons l'exemple d'une rivière : lorsque l'eau s'écoule sur les pan d'une colline en traversant une foret, cela prend du temps, se fait de manière dispersée, et inégal, ce n'est pas «efficace». Il est donc également difficile d'en exploiter l'énergie mécanique. Mettez à la place un tuyaux de drainage en bas de la colline, et l'eau s'écoule rapidement et de façon plus "efficace", et avec moins d'obstacles. Et alors ? Nous avons créé une économie qui ressemble à ce tuyau de drainage. C'est efficace, mais cela épuise l'énergie très rapidement et c'est diamétralement opposé aux systèmes naturels.
Ainsi, comme dans l'image de la rivière, le problème n'est pas d'utiliser l’énergie ou les ressources de manière plus efficace, mais de les utiliser autrement.