mercredi 23 mars 2011

Nassim Taleb

Petit exercice : résumer simplement ce que j'ai compris de l'idée du Black Swann de Nassim Taleb.

Il faut systématiquement se méfier des phrases du genre " tel évènement n'arrive que tous les 1000ans" ou "telle hypothèse est tellement improbable qu'on peut plus ou moins l'évacuer dans nos calculs"....etc...etc

On fait souvent des plans en ayant l'impression que comme un évènement n'arrive que tous les 1000 ans, il ne peut arriver demain. Nassim Taleb montre et je crois qu'il le montre aussi mathématiquement avec l'aide de Benois Mandelbrot (créateur des fractales qui sont liées aux mathématiques du chaos) que cette impression est extrêmement traître et que dans tous les cas, un évènements rare va sûrement se produire demain même si l'on ne sait pas encore lequel.

Il est par conséquent absurde, entre autre dans les calculs de risques des modèles financiers complexes ou dans le domaine des risques technologiques, de bâtir une stratégie sur le fait qu'un évènement est très peu probable. Il vaut donc mieux privilégier la résilience, même si cela parait moins efficaces a priori.

C'est une idée qui n'est pas inintéressante quand on réfléchit au risques du nucléaire, suivez mon regard.

mardi 22 mars 2011

Negawatt

Une association essaye de proposer un scénario réaliste pour a la fois décarbonner et dénucléariser l'énergie : www.negawatt.org. J'entend d'ici les commentaires, "si on écoutait les écolos, on reviendrait a la bougie"

Pourtant, en lisant la synthèse de leur scénario, ça semble sérieux et réaliste. Il se résume a peu près comme ça : un tiers sobriété, un tiers efficacité, un tiers renouvelables. Je ne suis peut être pas assez spécialiste pour détecter les failles d'un tel scénario mais je n'en vois aucune a priori, si ce n'est le problème de son acceptabilité politique.
Extrait du scénario négaWatt 2006

lundi 21 mars 2011

Fukushima = Tchernobyl ?

C'est grâce au site "manicore" de Jean-Marc Jancovici que j'ai été sensibilisé il y a quelques années au problème du réchauffement climatique. Je lui en suis reconnaissant. Cependant, quand je suis tombé sur cet article : Fukushima = Tchernobyl ?, j'ai ressenti un certain malaise. 

Généralement Jean-Marc Jancovici est le premier a avancer l'argument de l'impossibilité de chiffrer le coût future des conséquences du réchauffement climatiques. A l'inverse, dans cet article, il s'efforce de faire une sorte de froide analyse du rapport coût/bénéfice du nucléaire. Je serais curieux de savoir pourquoi le premier argument ne s'appliquerait pas au nucléaire : comment chiffrer  le coût de la perte d'un territoire de quelques centaines de km2 condamné pour 10 000 ans pour cause de contamination au plutonium ? Sachant que l'argument du "ça n'arrivera pas" n'est maintenant plus recevable.


Je me permet de recopier ici un commentaire en dessous de l'article que j'ai trouvé très convainquant :
Yann Quero
Le message de Laurent en "soutien à M. Jancovici" est assez triste de naïveté et de maladresse. Puisque mon commentaire a été attaqué ad hominem en me suggérant avec une certaine condescendance de, je le cite: "Approfondi le sujet du nucléaire, tu es loin de compte. N'espère pas donner un cours aux lecteurs de ce site, ils sont d'un niveau supérieur". Je préciserais que je suis titulaire d'un doctorat, qui est sans doute (vu son type d'argumentaire) un niveau d'études supérieur à celui de Laurent et en tout cas supérieur à celui de celui de M. Jancovici qui est "seulement" ingénieur. Mais n'entrons pas dans le débat des titres ou des diplômes, ni dans celui de qui est un "grand expert". Regardons simplement les faits. Le travail de synthèse sur le réchauffement climatique du site web de M. Jancovici est effectivement plutôt bien réalisé, mais cela ne fait pas de lui un "expert en tout" et notamment en nucléaire. A ce titre, sa manière d'argumenter est même pour le moins surprenante et laisse penser que sa finalité est de défendre le nucléaire "à tout prix", y compris en masquant les éléments qui le dérangent. Par exemple, en un petit raccourci, M. Jancovici annonce au début de sa présentation: "Je dit (sic) 'le réacteur' mais ca concerne tous ceux de Fukushima, qui ont tous eux (resic) à peu près le même pépin." L'expression "à peu près le même pépin", outre son caractère euphémistique est plus qu'approximative, elle est franchement erroné, puisque le réacteur n°3 contient du Mox, c'est à dire du plutonium. Ce n'est pas du tout anodin, car le plutonium a une demi-vie de 24.000 ans, c'est-à-dire que dans 24.000 ans, le plutonium qui est en train de se rependre à l'extérieur de la centrale n'aura diminué que de moitié. Or M.Jancovici parle de l'iode, du xenon, du krypton... mais il "oublie" de parler du plutonium. En revanche, il nous dit qu'il n'y a pas à s'inquiéter, puisque la demi-vie des isotopes libérés par les réacteurs de Fukushima "va de quelques heures à quelques jours". Du point de vue de la rigueur scientifique, on peut considérer qu'une telle affirmation relève au mieux d'un oubli extrêmement grave, mais sans doute plutôt de la désinformation caractérisée. Je ne me lancerais pas dans un cours d'analyse textuel critique détaillé de l'ensemble de ses arguments (ce serait un peu long), mais on pourrait multiplier les exemples de ce type ou d'autres. N'est-il pas en effet spécieux de dire qu'on peut continuer à promouvoir le nucléaire parce que le tabac fait jusqu'à 5 millions de morts par an et que le nucléaire a moins tué jusqu'à maintenant? N'est-il pas étonnant aussi de défendre les centrales nucléaires en disant que le tsunami a aussi détruit des centrales au charbon? Les énormes risques liés au réchauffement climatique, que M. Jancovici souligne à très juste titre sur son site web, ne justifient pas qu'il les instrumentalise pour défendre le nucléaire, qui présente lui aussi d'énormes risques. Et pourtant, malgré tout cela, je serais même peut-être prêt à suivre M. Jancovici, et à courir ces risques avec lui et avec tous les autres habitants de la planète, si le nucléaire était une énergie d'avenir. Mais le nucléaire ne constitue qu'une énergie d'appoint très limitée, compte tenu des réserves d'uranium qui sont de 70 à 100 ans pour un niveau actuel de production d'énergie finale correspondant à 3% de la consommation mondiale. Dans ce contexte, le risque du nucléaire est démesuré au regard de son apport plus que minime. Mieux vaut donc aujourd'hui investir dans de vraies énergies d'avenir.

dimanche 20 mars 2011

Fukushima - "banana equivalent dose"

On gère le stress comme on peut. Moi j'ai passé ma journée sur wikipedia a regarder les articles sur Chernobyl ou autres accidents nucléaires. 

J'y ai appris qu'il y a une zone en Russie qui est encore interdite aujourd'hui suite à un accident nucléaire en 1957 qui est resté secret très longtemps.

J'y ai appris que le fond de radioactivité terrestre a augmenté dans les années 50 à cause des essais de bombes nucléaires.

J'y ai appris que certains scientifiques ont crée l'unité de mesure de radioactivité "banana equivalent dose" pour tourner en ridicule la peur des radiations. Ce qui m'a complètement convaincu qu'on devrait envoyer ceux-ci comme liquidateurs a Fukushima. 

J'y ai appris que la quantité totale de radiations émises a Chernobyl était de "80,000 man sieverts" ce qui , si l'on considère que la dose vraiment dangereuse pour l'homme est de 1 sievert, signifierait que Chernobyl n'aurait pu tuer qu'environ 80 000 personnes au maximum, ce qui ne veut pas dire grand chose puisque cela dépend de la manière dont la radioactivité est diluée mais cela a le mérite de donner un ordre de grandeur.

samedi 19 mars 2011

Fukushima

Je suis en état de choc. J'ai passé une semaine éprouvante, tétanisé devant mon écran d'ordi sursautant a chaque "tudut" du "fil d'actualité en temps réel de  LeMonde.fr". Ces ... de journalistes du Monde n'arrêtent pas de se planter sur les unités, micro-sievert ou mili-sievert. Plusieurs fois ils ont annoncés des taux de radioactivité à Tokyo, où se trouve ma belle famille qui laissaient entrevoir le pire. Les japonais gardent leur sang froid d'une manière assez admirable !!

Jusqu'à aujourd'hui je n'étais pas foncièrement anti-nucléaire, mais ce genre de Black swann a de quoi faire réfléchir.

J'ai donc décider de créer ce blog : contrairement aux apparences, tous les posts antérieurs a celui-ci sont du recyclage de références ou notes qui traînaient sur mon disque dur ou sur d'autres sites...

jeudi 3 mars 2011

Revenir a la bougie

Si on prend la production actuelle de renouvelable en France (barrages, éolien et solaire) ça représente déjà plus de 1000kWh par personne et par an. C'est potentiellement une machine de 100W qui travaille pour nous 365 jours par an et 24h sur 24. C'est déjà assez par personne pour faire tourner un ordinateur portable la journée , éclairer la pièce où on se trouve le soir, la chauffer un minimum en hiver, faire la cuisine, prendre une petite douche chaude, se faire un rôti au four une fois de temps en temps...etc (voir le détail du calcul ici). Tout ceci en l'état actuel des choses alors qu'on a, en France, à peine commencé a développer les renouvelables et que des projets comme Desertec, loin d'être farfelus pourrait apporter beaucoup. C'est donc d'une totale mauvaise fois de parler de retour a la bougie dès que l'on évoque l'abandon du nucléaire. C'est vrai que ça n'est pas assez pour se promener en tee-shirt en hivers dans ses 200m2 de villa mal isolée, chauffer la piscine et éclairer le ciel...etc


Mais au lieu de discuter des ordres de grandeur des efforts à faire, parler de retour à la bougie, est beaucoup plus facile. Jouer sur la peur de l'obscurité et par extension de l'obscurantisme, jouer sur une pseudo-opposition à la fée électricité qui représente l'aboutissement de la  modernité des lumières touche au but à tous les coup. Mais nous ne sommes plus au début du XXe siècle et dans tous les cas, si l'on a pas d'autres choix, je préfère être un peu pauvre énergétiquement et laisser un monde à mes enfants, au climat stable et à la radioactivité naturelle.