dimanche 2 décembre 2012

Dr. Dennis L. Meadows

Dr. Dennis L. Meadows est un des auteur du rapport "Limits to growth".
Il parle ici de son parcours, de son éthique personnelle et surtout de l'histoire de ses recherches et du rapport du club de Rome.




Voici un petit extrait très intéressant concernant ce qu'il appelle les problèmes simples et les problèmes compliqués :

On est au point rouge et on veut aller au point vert . Dans le cas des problèmes simples, les mesures à prendre à long terme semble également bonne à court terme (au moment de la prochaine évaluation)


On est au point rouge et on veut aller au point vert . Dans le cas des problèmes complexesl'action qui semble rendre les choses meilleurs à court terme est très mauvaise sur le long terme 

Mes schémas sont très génériques. Ils pourraient illustrer par exemple le probleme d'essayer de perdre du poids, de réduire les émissions, de réduire la dette, ou tout autre objectif d'une personne, d'une communauté ou d'une nation. La plupart des politiciens et la plupart des économistes, la plupart des marchés réagissent très bien face à des problèmes faciles, parce que les mesures à prendre à long terme semble également bonne à court terme (au moment de la prochaine évaluation). Malheureusement, il existe d'autres types de problèmes : des problèmes difficiles. Dans les problèmes difficiles, l'action qui semble rendre les choses meilleurs à court terme est très mauvaise sur le long terme - et inversement. Maintenant, que faisons-nous face à ces problèmes complexes ? Qu'est-ce que le politicien fait si il va bientôt y avoir une autre élection? Qu'est-ce qu'un marché faire si le taux d'actualisation signifie que les coûts à long terme, ne compte pas. Qu'est-ce qu'un citoyen fait s'il pense qu'il va déménager l'année prochaine et ne sera pas ici quand ces problèmes arriveront ? 

Si je veux améliorer ma situation énergétique, je dois faire que la situation énergétique semble s'aggraver à court terme, d'une manière ou d'une autre. Par exemple, je pourrais lever des impôts, établir des quotas, imposer des normes juridiques sur l'efficacité de l'automobile. D'une manière ou d'une autre, il est nécessaire d'augmenter les coûts de l'énergie à court terme, afin de rendre les coûts d'énergie moindre dans le long terme. La plupart des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, comme le changement climatique, sont des problèmes difficiles dans ce sens. 

Comment peut-on convertir différents problèmes en des problèmes faciles? Comment pouvons-nous obtenir de notre société de traiter des questions difficiles de manière automatique et constructive. Vous devez d'abord accroître l'horizon temporel. Vous devez repousser la période de planification assez loin pour que les gens commencent à voir la différence entre la politique qui semble bonne maintenant et celle qui résout réellement le problème. La Planification à long terme fait cela. Et la deuxième chose est de donner aux gens une compréhension sophistiquée sur le comportement de systèmes complexes. Beaucoup de gens ne peuvent pas imaginer qu'une action qui produit des avantages immédiats, peut en quelque sorte à l'avenir être un désastre. Leur compréhension des comportements les conduit à croire que tout ce qui croit dans le court continue à augmenter dans le long terme.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Vincent
Bravo pour votre blog
Article très intéressant mais cet approche scientifique des choix humains est limitée selon moi.
Passer par "le moins bien" pour aller au "mieux" demande une bonne part de ce truc a-scientifique qui s'appelle "la foi". Je n’essaie pas de vous vendre la bible ou n'importe quelle croyance mystique. Je tiens juste à vous faire remarquer que l'avenir est par nature incertain, unique et non reproductible (pour faire des expériences scientifiques) et que pour agir il faut simplement des convictions là où le monde actuel cherche le risque zéro, la maîtrise absolue grâce à la science et à la technique.
Avec les bouleversements à venir, nous allons réapprendre à "traverser le désert" pour trouver la "terre promise" comme l'a fait le personnage mythique Moise. Nous allons redécouvrir la foi et la prise de risque qui l'accompagne.
Mon message dénote dans votre approche très scientifique mais j'ai la conviction que vous êtes suffisamment ouvert d'esprit pour faire un lien entre esprit scientifique et vie spirituelle.
Si vous avez foi dans votre vision de l'avenir et dans vos choix vous pouvez transmettre cette foi autour de vous. On peut accumuler des informations pour s'assurer de faire le meilleur choix possible mais il y a un moment où il faut se lancer. C'est peut être ce qui manque à la démarche de la transition énergétique actuelle, des personnes qui ne cherchent pas à accumuler encore et encore des arguments pour changer mais qui assument pleinement leur vision de l'avenir comme étant leur foi. C'est ainsi que l'humanité fonctionne depuis la nuit des temps. Des leaders confiants en eux émergent et initient des mouvements de société pour traverser des moments difficiles. Une illustration célèbre est Churchill qui promettait du "sang et des larmes" au début de la seconde guerre mondiale.
Seule la foi en l'avenir permet de traverser la difficulté. Cette foi nous devons la porter en nous pour la transmettre autour de nous.
J'ai beaucoup apprécié vos postes sur oil man et vos articles de ce blog. Je ne sais pas ce que vous souhaitez faire demain mais j'espère que vous aurez la foi. Certaines croyances sont auto-réalisatrices. Ce sont ceux qui ont le plus confiance en eux et en leur convictions qui marquerons l'avenir.

Régis Bagard

Pav a dit…

L'approche scientifique des choix humains est évidemment limitée... mais elle est utile lorsque l'on parle de choix techniques ou économiques.

Et justement, lorsque l'on parle de réchauffement climatique, de contrainte énergétique, de perte de biodiversité etc, on parle de problèmes qui trouvent leur origine dans la science et la technique hérité de la 1ere révolution industrielle et de l'organisation de la société autour de la croissance et de la consommation qui s'en est suivi. Je pense que c'est donc en partie dans le champs de la science et de la technique qu'il faut changer de paradigme.

Et pour parler de foi, j'aime me penser agnostique aussi bien en matière de religion classique qu'en matière de religion du progrès.

Sinon vous avez raison, ce problème de vision a long terme est aussi un problème de leadership ou de courage politique et votre citation de Churchill est un bon contre exemple du fait que ce n'est pas un problème spécifique aux démocraties.

Anonyme a dit…

Vous dites: " on parle de problèmes qui trouvent leur origine dans la science et la technique hérité de la 1ere révolution industrielle et de l'organisation de la société autour de la croissance et de la consommation qui s'en est suivi."
Cette révolution industrielle aurait-elle pu arriver chez les peuples premiers d'Amérique, d'Afrique, d'Australie ou d'ailleurs?
Non. Elle est arrivée dans le monde chrétien dont la croyance de base est dans la Bible: "croissez et multipliez, soumettez la terre..."
Cette civilisation de croissance sans limite est issue de croyances chrétiennes de domination sur la nature alors que les peuples premiers que la civilisation chrétienne a largement détruit, prônaient et prônent encore pour le peu qui a survécu, l'équilibre avec notre environnement.
Nous avons eu nous occidentaux grâce à notre organisation sociale et notre maîtrise de la technique, la possibilité d'imposer notre modèle un peu partout sur terre. Le monde chrétien a grandi comme un cancer de cellules qui se dupliquent à l’identique et à "l'infini"jusqu'à la mort de l'organisme qui le porte. Et cette organisme géant sur lequel nous vivons s'appelle la biosphère.
Pour utiliser une autre image, le monde chrétien occidental est comme l'ogre de petit poucet qui préfère se jeter dans le vide plutôt que d'accepter la perte de son pouvoir.

Anonyme a dit…

...Je sais que je vous emmène loin de votre domaine de prédilection qu'est la science mais c'est à mes yeux là, dans le domaine spirituel, le domaine des croyances qu'est "l'origine du problème" selon moi.
J'ai une vision iconoclaste de la foi. Et comme vous dites que la science est limitée vous faites aussi d'une certaine façon une place à ce qu'il y a au delà de la science: c'est à dire la foi. La foi est pour moi assez simplement rien d'autre qu'un engagement fort sans certitudes scientifiques, l'acceptation d'une prise de risque nécessaire à l'action là où la science cherche à maîtriser tous les paramètres, tous les risques mais paradoxalement avec le risque de ne pas être en mesure de faire face à des changements rapides et chaotiques qui selon moi arrivent à grand pas.
L'être humain moderne vieux d'à peu près 120 000 000 ans a vécu l'essentiel de son histoire sans maîtriser son environnement.
Le monde industriel tout récent à l'échelle de l'histoire humaine nous a apporté une grande maîtrise de notre environnement avec en plus une stabilité sociale, donnant une grande efficacité à des comportements comme le votre de recherche de solutions avant tout scientifiques.
...

Anonyme a dit…

...Mais cela est un luxe lié à une époque éphémère selon moi. Demain, nous allons voir nos ressources énergétiques décroîtrent (la consommation de pétrole décroit déjà en Europe depuis quelques années si je ne me trompe pas) et avec elle la possibilité à la fois de disposer encore et toujours de moyens scientifiques coûteux et de bénéficier d'un environnement stable nécessaire au travail scientifique.
Alors la foi, l'intuition, la force de conviction reprendra le dessus.
Déjà aujourd'hui, ne voyez vous pas que tous les arguments factuels et logiques sur le peak oil par exemple ne sont pas entendu parce qu'ils vont à l'encontre de la croyance d'une croissance "éternelle" pour faire un parallèle avec la vie éternelle du monde chrétien, qui symboliquement n'est rien d'autre que la non acceptation de limite.
Je sais que je parle là d'un haut niveau d'abstraction, de structure de la pensée mais c'est là le fond du problème.
Je ne vous demande surtout pas de renoncer à votre démarche la plus scientifique possible et à votre très large culture scientifique mais de vous ouvrir à ce qui est au delà (et non pas contre ) la science.
Je ne sais pas si je suis clair.
En résumer nous avons abandonné les croyances chrétiennes les plus visiblement incompatibles avec la science mais nous n'avons jamais abandonné notre relation de domination sur la nature et sur tous ceux qui pensent différemment à nous.
Pour être complet, il est important de noter que le monde chrétien au sens large n'a pas le monopole de la logique de domination sans limite mais il a développé une structure de penser remarquablement efficace pour dominer... et le mener à l'autodestruction.
Alors la solution n'est pas uniquement scientifique loin de là. Elle est même en premier lieu spirituel: Accepter que nous vivons dans un univers limité, et donc avec une expansion économique limitée dans le temps mais aussi d'un pouvoir scientifique, pouvoir de domination intellectuel également limité.
Je crois à la nécessité d'évoluer vers une spiritualité de l'équilibre de ce que la science appelle l’homéostasie. Tout comme chaque forme de vie a besoin d'équilibre pour vivre nous devons respecter l'équilibre de notre environnement. C'est une croyance, une conviction, une foi qui si elle s'appuie sur la science n'est pas scientifique pour autant dans la mesure où la foi n'a pas besoin de démonstration rigoureuse et coûteuse en temps et en énergie mais concentre tout son potentiel d'énergie à s'adapter aux changements.
...

Anonyme a dit…

...Je ne sais pas si mon raisonnement est assez clair jusque là pour vous mais je le continue encore un peu.
Je crois que la pensée humaine est structurée, hiérarchisé. L'aptitude à hiérarchiser est liée à la vie animale dont le système nerveux ne sert qu'à percevoir l'information est à hiérarchiser les choix qui vont orienter l'activité musculaire et plus généralement toute l'activité de l'organisme.
Pour moi, c'est dans cette capacité de hiérarchisation qu'il faut voir l'origine des logiques de dominations des animaux sociaux avec leurs mâles alphas mais aussi et c'est là que je veux en venir la structuration de l'esprit humain qui le prédispose à croire par cet évolution du règne animal qui s'étale sur des millions d'années, en une autorité supérieure, un "super mâle alpha" qu'il va nommer "dieu tout puissant" en Occident ou "maître Bouddha" en orient et aussi mais là sans la nommer "science toute puissante" pour les personnes plus ou moins scientistes.
Dieu est un phénomène humain auquel l'homme moderne n'échappe pas. Et c'est en prenant conscience de cette dimension de divin (synonyme pour moi d'autorité personnelle supérieure) que nous portons en nous, que nous pouvons comprendre l'inertie d'une structure de pensée inadaptée à son environnement malgré tous les voyants d'alarmes déjà passé au rouge et que nous trouverons les solutions aux excès autodestructeurs de la culture occidentale.
Je pourrais continuer encore ma longue réflexion mais il est sans doute largement temps de m’arrêter.
J'espère que j'ai été suffisamment clair et que ce rapide exposer pourra nourrir votre réflexion

Régis Bagard

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