jeudi 28 mars 2013

Phoenix dans le collimateur du climat 2/2



De l'eau, de l'eau partout (mais pas pour longtemps) 

Dans les portraits dystopiques d'un avenir non-viable de Phoenix, l'eau, ou plutôt l'absence de celle-ci, est généralement dépeint comme la cause de l'effondrement. En effet, dans la région métropolitaine, un fouillis de juridictions qui comprend Scottsdale, Glendale, Tempe, Mesa, Sun City, Chandler, et 15 autres municipalités, il y a longtemps que l'on a fait pleinement usage des rivières locales comme la Salt, la Verde, et la Gila. Ensuite, les gens ont forés des puits et puisé suffisamment d'eau souterraine pour abaisser la nappe phréatique de 120 mètres .

Parfois, la terre a coulée aussi. Près de certains puits elle s'est affaissé de trois mètres ou plus. Tout le long, tout le monde savait que l'extraction inconsidérée des eaux souterraines ne pouvait pas durer, donc ils se sont reportés sur une manne nouvelle appelée « Central Arizona Project « (CAP), un canal en plein air de la taille d'une rivière, motorisé par un ensemble complexe de pompes , siphons et de tunnels qui apporteraient de l'eau du fleuve Colorado à travers tout l'Arizona jusqu'à Phoenix et Tucson.

La PAC est entrée en service au début des années 1990 et est aujourd'hui le moteur de la croissance de l'Arizona. Malheureusement, dans le but de gagner les autorisations et les financements pour le construire, les fonctionnaires de l'Etat ont dû faire un pacte avec le diable, qui dans ce cas s'est avéré être la Californie. La délégation de l'Arizona à la Chambre des représentants était minuscule, celle de la Californie était énorme, et ses représentants ont jalousement protégé leur mainmise de longue date sur le fleuve Colorado. La concession que la Californie a imposée à l'Arizona était simple : ses droits de puisage sur l'eau de la PAC devraient passer en deuxième position après les droits de puisage de la Californie.

Cela signifie une chose: quand l'inévitable jour viendra ou il n'y aura pas assez d'eau pour tout le monde, le PAC va subir la pénurie jusqu'à la dernière goutte avant même que la Californie commence a éteindre quelque robinets.

Une très mauvaise affaire pour l'Arizona ? Bien sur, mais pas exactement la fin de l'histoire. L'Arizona a d'autres droits antérieurs sur la Colorado rivière, et quand la PAC commencera a être à sec, vous pouvez être sûr que les maîtres de la PAC paieront tout ce qui est nécessaire pour louer ces droits antérieurs et abreuver le canal de 330 miles. Parmi ces droits à l'eau antérieurs, leurs cibles seront ceux appartenant à des tribus indiennes à l'extrémité ouest de l'état le long du cours inférieur de la rivière. Le coût d'achat de l'eau tribale conduira à des taux exorbitants que les consommateurs à Phoenix paieront pour l'eau, mais ils vont les payer, car ils n'auront pas le choix.

À plus long terme, la rivière Colorado pose des problèmes qu'aucune quantité d'eau tribale ne peut résoudre. Assailli par le changement climatique, la surexploitation, et la sécheresse, le fleuve et ses réservoirs, selon différents chercheurs, peut baisser au point que l'eau ne parvienne plus à passer le barrage Hoover. Dans ce cas, la PAC se tarirait, mais il en serait de même pour l'aqueduc du Colorado qui sert la région métropolitaine de Los Angeles et de San Diego, ainsi que le canal de « All-American », dont dépendent les élevages industriels des vallées Impérial et Coachella en Californie . Les cultures irriguées et les municipalités en aval au Mexique seraient aussi à sec. Si rien ne change dans l'ordre actuel des choses, il est prévu que la possibilité d'une telle débâcle puisse surgir en un peu plus d'une décennie.

La solution préféré à cette crise parmi les gourous de l'eau du cours inférieur du Colorado est l'augmentation, ce qui signifie que une importation d'eau dans le système du Colorado pour augmenter l'offre locale. Un schéma grandiose a récemment été discuté pour renflouer les utilisateurs de la rivière Colorado grâce à un pipeline partant de la rivière Mississippi mais celui ci n'a pas réussi à passer le test de crédibilité et a été enterre par l'ex-secrétaire de l'Intérieur, Ken Salazar.

Pendant ce temps, l'expédient évident qui serait de réduire la consommation d'eau trouve peu de soutien dans la Californie assoiffée, qui va regarder la PAC s'assécher avant qu'elle ne considère sérieusement une initiative significative de conservation de l'eau.

Les plateaux brûlent

Les Phéniciens qui veulent échapper aux soucis d'eau, de vagues de chaleur et de haboobs ont traditionnellement cherché refuge dans les vertes et fraîches forêts des hautes terres de l'Arizona, ou du moins ils l'ont fait jusqu'à récemment. En 2002, le feu « Rodeo-Chediski » a brûlé 469.000 hectares de pins et de mixtes de résineux sur la bordure d Mogollon , non loin de Phoenix. C'était un holocauste écologique que personne ne s'attendait à voir surpassé. Pourtant seulement neuf ans plus tard, en 2011, le Wallow feu a repris le flambeau, pour ainsi dire, et brûlé toute la bordure de la frontière du Nouveau-Mexique et au-delà, ce qui se chiffre à 538.000 hectares calcinés.

Maintenant, personne ne pense que ces incendies sont des évènements ponctuels. La modélisation de la réponse de la forêt à la hausse des températures et au stress hydrique accru suggère, en effet, que ces deux incendies étaient des précurseurs et que le pire est à venir. Au milieu du siècle, selon un document par une équipe d'écologues forestiers du sud-ouest, la «normale» de stress sur les arbres sera équivalente à celle des pires sécheresses de la région paléo-historique, où la plupart des arbres dans la région sont simplement mort.

Par rapport à la chaleur à Phoenix et aux autres maux concernant l'eau, la disparition des forêts de l'Arizona peut sembler une question secondaire, dont les effets seraient perceptibles surtout dans l'envasement des réservoirs et la déstabilisation des bassins versants dont la ville dépend. Mais cela pourrait bien s'avérer être une catastrophe régionale. Considérons donc, la chaleur, la sécheresse, les tempêtes de sable et le feu de foret comme les quatre cavaliers de l'Apocalypse de Phoenix. Il se trouve, cependant, que cette apocalypse a un potentiel cinquième cavalier.

Rebecca Solnit a écrit avec éloquence à propos de la façon dont une soudaine catastrophe - un tremblement de terre, un ouragan ou une tornade - peut dissoudre les divisions sociales et amener une communauté à se souder, a faire ressortir le meilleur dans sa population. Mais les vagues de sécheresse et de chaleur sont différentes. Vous ne savez pas qu'elle sont la avant qu'elle soient déjà bien avancée, et vous ne savez jamais quand elles finiront. Le désagrément vous ronge. Il corrode votre état d'esprit. Vous avez beaucoup de temps pour méditer sur les lacunes de vos voisins, ce qui pèsent de plus en plus lourd au fur et à mesure que la crise se poursuit.

La sécheresse divise les gens, et Phoenix est déjà un endroit divisé - notoirement grâce aux pitreries brutales du Sheriff de Maricopa County, Arpaio Joe. Dans « In Bird on Fire: Lessons from the World’s Least Sustainable City », Andrew Ross dresse un portrait sombre de la Phoenix contemporaine - une ville menacée par sa tradition particulière de vie politique locale et de domination économique, marqué par plus que le quotient habituel de préjugés, d'avidité , d'insularité de classe, et de dévotion à la puissance brute.

C'est un truisme de dire que les communautés qui ne s'élèvent pas ensemble ne parviennent pas à surmonter leurs difficultés. Celles de Phoenix sont aussi lourde que n'importe lesquelles rencontrés par une ville américaine dans le nouvel âge du changement climatique, mais sa winner-take-all politique (d'où nous est venu les lois d'Arizona de répression anti-droit de l'immigration), combiné à la fragmentation de la région en près de deux douzaines de juridictions concurrentes, garantissent que, lorsque le pire des temps frappera, une action commune et des sacrifices partagés resteront comme des mirages dans le désert. Le jour ou les pick-up s'enfuiront de tout point de la ville et ou les habitants de la Vallée du Soleil obstrueront les autoroutes pour chercher de plus verts pâturages, plus humides, une chaleur moins brutale, on pourra dire que ce ne sera pas seulement le changement de paradigme du climat qui les aura chasses. Le manque de coopération et de solidarité les y aura aussi incite.

Un jour, certains d'entre eux regarderont peut-être en arrière et penseront au krach immobilier de 2007-2008 et à la récession qui a suivi avec nostalgie. L'économie de la ville était précaire, la croissance avait calé, et pendant un moment le business-as-usual n'avait rien de commun. mais il y avait une espèce rare de potentiel. Cette récession aurait pu être la dernière chance pour Phoenix et d'autres villes de la Sunbelt de réévaluer leurs habitudes lamentablement non durables et de se réorganiser, politiquement et économiquement, pour se préparer à la vie sur le devant de la scène du changement climatique. L'utilisation des terres, les transports, la politiques de l'eau, les codes du bâtiment, la gestion de la croissance – auraient pu faire l'objet d'une saine remise en question. C'était une chance qui n'a pas été saisie. Au lieu de cela, d'ici une ou plusieurs décennies, les gens vont parier sur une chose sûre: ils vont prendre la route pour quitter la ville.

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