lundi 25 mars 2013

Phoenix dans le collimateur du climat 1/2

Voici un article a propos de la ville de Phoenix aux Etat-unis. C'est un bon aperçu de l'ambiance sur le front du changement climatique vu d'un endroit qui est en première ligne. Il ne s'agit pas d'un pays africains pauvres. Il s'agit, au contraire, d'un lieux ou vivent un grand nombre de personnes mais qui est pourtant éminemment inadaptés pour cela. Le tour de magie qui rend cela possible s’appelle "énergie fossile pas cher".  




Phoenix dans le collimateur du climat 
Les premières alertes sont passée depuis longtemps 
Par William deBuys 
(Texte original ici)

Si les villes étaient des action, vous parieriez sur Phoenix à la baisse :

Bien sûr, ce choix de ville est facile. Cette région métropolitaine, la treizième la plus grande des US (juste derrière Detroit) entasse 4,3 millions de personnes dans une cuvette au milieu d'un désert chaud, où des vagues de chaleur et des tempêtes se font régulières. La ville est blottit à côté de la plus grande des centrales nucléaires nationale et, pour avoir épuisé ses sources locales, elle repose sur une infrastructure improbable qui aspire l'eau d'une rivière lointaine (dont le niveau baisse) , la Colorado river.

À Phoenix, vous ne demandez pas : Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Vous vous demandez : Qu'est-ce qui pourrait ne pas mal tourner ?

Et c'est vraiment là le problème. Les multiples vulnérabilités de Phoenix, qui sont déjà intimidantes pris une par une, ont la capacité de se magnifier les unes les autres, comme des maladies opportunistes. À cet égard, c'est une ville résolument moderne, une pyramide de complexité nécessitant des apports énergétiques de grande envergure pour garder le bourdonnement d'ensemble de l'appareil. Les catastrophes urbaines de notre temps - La Nouvelle-Orléans frappée par l'ouragan Katrina, New York submergé par Sandy - résultent de simples tempêtes, mais les dégâts qu'elles font sont le résultat d'une réaction en chaîne de pannes – le réseau électrique qui crash, des digues qui se rompent, des systèmes de secours qui ne secourent pas. Comme on pouvait s'y attendre, les universitaires ont trouves un nom pour de telles pannes : les « interdépendances de pannes d'infrastructure ». Vous ne voulez pas utiliser ce terme dans un poème, mais c'est en fait un thème émergent de notre temps.

La pyramide de complexité de Phoenix semble plus fragile que les autres car elle est carrément dans la ligne de mire du changement climatique. La région, comme la plupart du sud-ouest américain, est déjà chaude et sèche, Elle devient de plus en plus chaude et de plus en plus sèche, et est de plus en plus frappée par de fortes tempêtes. Sandy et Katrina ont donné un aperçu de ce à quoi peuvent s'attendre les villes côtières à mesure que les mers montent et que les tempêtes se renforce. Phoenix ouvre le rideau sur l'avenir des empires terrestres. Si vous voulez un avant-goût du climat brutal à venir, l'endroit où regarder est celui où le climat est déjà rude, et le devient de plus en plus - la bien nommée « Valley of the Sun ».

À Phoenix, c'est la convergence de la chaleur, de la sécheresse et des vents violents, qui interagissent et s'amplifient dont vous devez vous inquiétez. De manière générale, dans nos sociétés contemporaines, rien de ce qui est important n'arrive que pour une seule raison, et à Phoenix, il y a toutes sorte de «raisons» qui collaborent et produisent de gros problèmes, avec au premier rang de ceux-ci le changement climatique, qui pousse la chaleur, la sécheresse, et le vent extrêmes toujours plus loin. Notamment, chacune de ces nemesis, à sa manière, a le potentiel de saper la condition nécessaire à toute vie urbaine moderne, le réseau électrique, ce qui à Phoenix mérite une attention particulière.

Si, en été, le réseau échoue à grande échelle et pendant une période de temps significative, les conséquences de la tempête Sandy nous paraîtrons bien douce en comparaison. Bien sûr, les gens vont se battre pour une prise de courant pour recharger leurs téléphones cellulaires et pour garder leur lait frais, mais les communications et la réfrigération des aliments ne sera pas le plus haut dans la liste de leur priorités. Phoenix est une ville climatisé. Si le courant est coupé, les gens cuisent.

À l'été 2003, une vague de chaleur a balayé l'Europe et tué 70.000 personnes. La température à Londres a frôlé 38 °C pour la première fois depuis que les enregistrements de température existent, et dans certaines parties de la France, le mercure est monté jusqu'à 40 °C. Ces températures, cependant, sont monnaie courante à Phoenix, où le thermomètre monte généralement jusqu'à plus de 38 °C pendant plus de 100 jours par an. En 2011, la ville a établi un nouveau record du nombre de jours à plus de 40 °C : il y en a eu trente trois, plus d'un mois de jours spectaculairement caniculaires qui ont inaugurés une nouvelle ère.

Fuir le soleil :

Il va sans dire que l'environnement du désert de Phoenix est chaud par nature, mais nous l'avons rendu plus chaud encore. La ville est un monde de maçonnerie, d'asphalte et de béton. Les matériaux durs et lourds des bâtiments et des routes absorbent la chaleur de manière efficace et la restituent plus lentement que la terre nue. En un sens, toute la ville est une sorte de batterie thermique, absorbant l'énergie le jour et la relâchant dans la nuit. Le résultat est un «îlot de chaleur urbain», qui, à son tour, empêche la fraîcheur nocturne du désert d'offrir un soulagement.

Il y a soixante ans, lorsque Phoenix se lançait tout juste dans sa carrière de croissance effrénée, les minimums nocturnes ne dépassaient jamais 32 ° C. Aujourd'hui, ces températures sont commune, et l'on craint des nuits qui ne descende pas en dessous de 38 °C. Des études indiquent que l'effet d'îlot de chaleur urbain à Phoenix peut augmenter la température nocturne de près de 5° C. C'est comme si la ville a doublé la mise en matière de changement climatique, en trouvant une façon de magnifier ses effets les plus indésirables avant même que cela ne touche le reste d'entre nous à plein régime.

On pouvait s'y attendre, ce sont les pauvres qui souffrent le plus de la chaleur. Ils vivent dans les quartiers les plus chauds avec le moins de verdure qui pourrait atténuer l'effet d'îlot de chaleur, et ils ont le moins de ressources pour lutter contre les températures élevées. Pour la plupart des Phéniciens, cependant, rien de tout cela n'est plus qu'un désagrément tant que la clim continue à bourdonner et que la facture est payée. Lorsque la chaleur s'intensifie, ils apprennent à se précipiter d'immeuble en voiture jusqu'au bâtiment voisin, en retenant leur souffle. Dans ces voitures, la deuxième chose qu'ils touchent après l'allumage est la commande de la clim. Le volant vient plus tard.

Dans l'éclat flamboyant de Juillet et Août, vous ne vous aventurer sans défense pour marcher ou courir que dans la pénombre de l'aube ou du crépuscule. L'idée pour les résidents de la Vallée du Soleil est d'apprendre à esquiver la chaleur, pas de la contester.

Cependant la chaleur est un adversaire difficile. Elle attaque tout, y compris l'équipement électrique. Les transformateurs, quand ils deviennent trop chaud, peuvent griller. De même, les centrales thermoélectriques, qu'elles soient alimentée par du charbon, du gaz ou des neutrons, sont moins efficaces quand monte le mercure. Et les grands barrages hydroélectriques de la rivière Colorado, y compris Glen Canyon, qui sert la région de Phoenix, ne seront pas en mesure de fournir la «puissance de crête" comme ils le font maintenant si les réservoirs sont fatalement rétrécis par la sécheresse, comme de nombreuses études prévoie qu'ils le seront. Une grande partie de tout ces problèmes peuvent être atténué avec du matériel mis à niveau, des technologies de réseaux intelligents et des systèmes redondants. Mais alors il faut parler du « haboob ».

Un « haboob » est une tempête de poussière/sable , généralement causée par l'effondrement d'une cellule orageuse. L'air descendant frappe le sol et roule vers l'extérieur en ramassant des débris à travers le désert. Comme son nom l'indique en arabe, ces tempêtes sont originaires de régions arides, mais - bien que Phoenix ne soit pas étrangère à la notion de tempête de poussière - le terme haboob n'est entré que récemment dans le lexique local. Il semble avoir été importé pour décrire une nouvelle classe de tempêtes, spectaculaires par leur véhémence, qui empêche toute visibilité et met toute activité au point mort. Ces tempête passent les voitures au sablage, ferme l'aéroport, et parfois provoquent des coupure d'électricité - et de clim- . Ne vous inquiétez pas, disent les deux principaux services publics desservant la région métropolitaine de Phoenix, l' « Arizona Public Service » et le « Salt River Project ». Et les coupures ont en effet été de courte durée. Jusqu'ici...

Avant la crise de Katrina, le corps des ingénieurs de l'armée était également rassurant pour les gens de la Nouvelle-Orléans. Et jusqu'à ce que la tempête Sandy débarque, presque personne ne s'inquiétait de ce que des vagues de tempête puissent remplir les tunnels du métro de New York.

Chaque système, comme chaque ville, a ses vulnérabilités. Le changement climatique, dans presque tous les cas, ne fera que les aggraver. Le climat surchauffé, boosté à l'effet de serre, va nous donner des sortes de haboobs que nous ne pouvons pas encore imaginer, avec des trop-plein d'énergie toujours plus grand. Selon toute vraisemblance, l'émergence de ces tempêtes, comme une caractéristique de la vie a Phoenix, résulte d'un environnement surchauffé, amplifié par le sable meuble et la poussière des terres agricoles abandonnées (qui furent asséché lorsque l'eau a été détournée vers des subdivisions croissantes de la ville).

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