me suis permis de traduire
Collapse Competitively, un petit texte de
Dimitri Orlov,
Effondrement compétitif
Nous nous dirigeons vers un effondrement économique, politique et sociale, et chaque jour qui passe le rapproche un peu plus. pourquoi ne savons nous pas quand arrêter ? Quelle partie du proverbe "le plus dur, nous essayons, le plus dur nous echouerons” ne comprend-on pas ? Pourquoi ne pouvons-nous comprendre que chaque dollar supplémentaire de dette nous conduit à la faillite nationale plus vite, plus fort et plus profondément ? Pourquoi ne saisissons nous pas le concept que chaque dollar supplémentaire de dépense militaire sape davantage notre sécurité? Y a-t-il une sorte de déficience cognitive qui nous empêche de comprendre que chaque dollar supplémentaire englouti dans l'industrie médicale nous rend plus malades? Pourquoi ne voit-on pas que chaque enfant supplémentaire que nous mettons au monde dans ce monde intenable va rendre la vie plus difficile pour tous les autres enfants? En bref, c’est quoi notre problème ?
Pourquoi ne pouvons-nous arrêter? On peut blâmer l'évolution, qui a produit en nous les instincts qui nous obligent à nous empiffrer quand la nourriture est abondante, à constituer des réserves de graisse pour les périodes de vaches maigres. Ces instincts ne sont pas utile pour nous quand il y a un buffet à volonté à proximité qui plus est, ouvert toute l'année. Ces instincts ne sont pas spécifiquement humains : les autres animaux ne savent pas quand s'arrêter non plus. Les papillons vont se régaler de fruits fermentés jusqu'à ce qu'ils soient trop ivres pour voler. Les porcs mangent des glands jusqu'à ce qu'ils soient trop gros pour se lever et soient obligés de ramper sur le ventre afin de pouvoir, oui bien sûr, manger plus de glands. Les américains qui sont trop gros pour marcher sont considérés comme invalides et le gouvernement leurs fourni de petits scooters motorisés de sorte qu'ils n'ont pas à subir l'humiliation de ramper au buffet sur le ventre. On appel ça le progrès.
Ou nous pouvons blâmer notre éducation, qui met le raisonnement mathématique au dessus de notre bon sens. Les mathématiques utilisent l'induction, l'idée que si 1 + 1 font 2, alors 2 + 1 doit être 3, et ainsi de suite jusqu'à une quantité arbitrairement grande. Dans le monde réel, si vous comptez des glands, alors 1 + 1 glands n'est pas la même opération que 1.000.000 + 1 glands s'il y a des écureuils qui courent partout, ce qu’ils feront une fois qu'ils aurons découvert que vous êtes celui qui a été volé leurs glands. Un million de glands, c'est trop pour que vous puissiez en garder le compte, et votre effort concerté pour continuer à en ajouter un de plus à la pile en repoussant les écureuils peut avoir pour conséquence que les petits enfants commencerons à vous montrer du doigt. Plus la pile grandit, plus vous êtes susceptible d'avoir à faire l'inventaire, et dans le processus, vous êtes de plus en plus susceptibles de faire une erreur, de sorte qu'il s'avère que 1.000.000 + 1 est en fait 1.000.001 - δ, où δ est le nombre de glands dont vous avez perdu la trace, en quelque sorte. Une fois que δ> 0, vous avez atteins des rendements décroissants, et une fois δ> 1, vous avez atteins des rendements négatifs. Dans le monde réel, plus vous pensez qu'un nombre devrait etre grand, plus il s'avère finalement être petit. À un certain moment, essayer d'ajouter un à la pile devient une manière particulièrement inutile de rendre la pile plus petite. Ce résultat n'est pas intellectuellement agréable, et il n'y a pas de théorie pour le soutenir, mais il est observable partout où vous prenez la peine de regarder. Le fait que nous sommes incapables d'expliquer adéquatement un phénomène donné en utilisant nos faibles cerveaux de primates ne le rend pas moins réel.
Le concept de rendements décroissants est assez simple pour la plupart des gens à comprendre et à observer, mais notoirement difficile à détecter pour la personne qui est sur le point d'y parvenir. Le point de rendements négatifs est encore plus difficile à détecter, car à ce point nous avons tendance à être partis trop loin pour détecter quoi que ce soit. Si vous avez déjà bu N boissons alcoolisées , pouvez-vous encore dire si vous avez atteind le point des rendements décroissants ? Est-ce qu’une autre boisson va vous rendre plus heureux et plus sociable, ou est-ce qu’elle ne fera pas une grande différence? Ou bien va-t-elle vous amener à vous mettre dans l'embarras et a passer le lendemain avec une gueule de bois débilitante? Ou bien va-t-elle vous envoyer aux urgence pour être traités pour etouffement par vomissement ? En règle générale, plus vous buvez, plus il devient difficile pour vous de faire ces distinctions subtiles. Cette règle ne semble pas être limité à l’alcool, mais s'applique à presque tous les comportements qui produisent un sentiment d'euphorie, plutôt que la simple satisfaction des besoins. La plupart d'entre nous peut s’empêcher de boire trop d'eau, ou de manger trop de bouillie, ou d’empiler trop de balles de foin. Lorsque nous avons tendance à avoir des ennuis de maîtrise de soi, c'est quand il s'agit de choses qui sont particulièrement agréables ou qui rendent dépendantes, comme la drogue, le tabac, l'alcool ou une nourriture délicieuse et riche. Et nous avons tendance à perdre complètement le contrôle quand il s'agit d’euphorie socialement induite et semi-intangible: la satisfaction de la cupidité, la recherche d’un statut social, ou de pouvoir sur les autres.
Ne pouvons nous pas mieux ? Certainement! La culture humaine est pleine d'exemples où les gens se lèvent et avec succès contre leurs propres tendances primitives. Les anciens Grecs ont fait une vertu de la modération: le temple d'Apollon à Delphi porte l'inscription MHΔEN AΓAN—"Rien en excès." La philosophie taoïste se focalise sur l'idée de balance entre le yin et le yang, des forces apparemment contraires mais qui en fait travaillent de concert et doivent être gardées en équilibre. Même dans la culture d'ingénieurs actuelle, on peut entendre le moto " le mieux est l'ennemi du bien". Pourtant, tristement, les ingénieurs assez bon pour s'y tenir sont rares. Au micro niveau de résolution de problèmes spécifiques, la plupart des ingénieurs réussissent assez bien a obtenir l'optimum intelligent plutôt que le maximum stupide, mais à l'échelle macroscopique, la culture d'entreprise environnante les oblige à aller toujours vers le maximum stupide (maximum de croissance, de revenus et de bénéfices) ou le minimum stupide (coût minimum, pérennité du produit minimum et la maintenabilité minimum). Ils sont forcés de le faire par l'influence d'un concept vraiment pernicieux qui s'est insinué dans la plupart des aspects de notre culture: la notion de concurrence.
La notion de concurrence semble avoir d'abord été élevé au rang de culte par des jeux qui ont été joués comme une forme de sacrifice devant les dieux, dans des cultures aussi différentes que la Grèce antique et la civilisation maya, où des compétitions avaient lieu pour plaire a leurs divinités diverses. Je préfère de loin la version olympique, où l'objet des jeux a été d'exprimer l'idéal de la perfection humaine dans sa forme et sa fonction, plutôt que la version maya, où l'issue du match a été utilisée pour décider qui allait être sacrifié sur l'autel de certains archétypes culturels particuliers. Mais étant d’une grande ouverture d'esprit, je suis prêt à accepter les deux comme valables, car les deux sont des compétitions pour la défense de principes. C'est Aristote qui a souligné que la poursuite de principes est le seul domaine où la modération n'est pas utile, et qui suis-je pour réfuter Aristote? Mais lors du passage de la défense d'un idéal ou d’un principe à des taches banale, pratique, ayant une fonction utilitaire, c'est l'idée même de concurrence qui devrait être offerte comme une gentille offrande grésillante sur l'autel de notre bon sens.
Si l'objectif est de parvenir à un résultat adéquat avec un minimum d'effort, alors pourquoi deux personnes veulent se faire concurrence pour faire le travail d'un seul? Et s'il y a en fait du travail pour deux, alors pourquoi ne veulent-ils pas coopérer au lieu de gaspiller leurs précieuse énergie en compétition ? Eh bien, ils ont peut être été endoctrinés dans l’idée qu'ils doivent rivaliser pour réussir, mais ce n'est pas la question. Le fait est qu'il y a une différence majeure entre une compétition au nom d'un principe-comme la perfection de la création divine et une compétition pour de l'argent seulement. Il n'y a rien de divin à propos d’un gros tas d'argent, et, tout comme avec un gros tas de glands, plus le tas est grand, plus il a tendance à attirer d’«écureuils». En fait, ceux qui sont assis sur des grosses piles de glands ont souvent eux-mêmes un coté écureuil. Pour mélanger les métaphores, ils ont également tendance à avoir un coté poule qui couve ses glands et s'attend à ce qu'ils éclosent. Mais qu'ils soient écureuils ou qu'ils soient poules, ou qu'ils soient des poulet-écureuils mutants sous stéroïdes, ils ne sont certainement pas des dieux, et leurs glands ne sont pas dignes de notre sacrifice.
Une fois que l’on subvertit l'idée que la concurrence n’est en aucune manière nécessaire, ni même souhaitable, de nouvelles voies de pensée s’ouvrent a nous. Qu’est ce qui est assez? Probablement beaucoup moins que ce que nous avons maintenant. Comment devons nous travailler pour ça ? Probablement beaucoup moins que ce que nous travaillons actuellement. Qu'adviendrait-il si nous n'avions pas assez? Eh bien, peut-être alors il serait temps d'essayer de travail un tout petit peu plus dur, ou, mieux encore, peut-être qu'il serait temps de prendre quelques glands à ceux qui en ont encore un trop grand nombre. Puisqu’avoir trop est tellement de travail (attention a ces satanes écureuils!), nous ne ferions que les aider. Nous ne voulons certainement pas les suivre, parce que nous savons où ils se dirigent, vers un charmant endroit appelé effondrement . Au lieu de cela, ce que nous devrions probablement essayer de faire est d'établir une sorte d'équilibre, où en fait, assez est assez.
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