lundi 22 octobre 2012

Quel est le mobile ?

Dans cet article, on a la réponse à deux questions qui se posaient récemment : 
La deuxième question est en partie la réponse à la première : une grosse part du pétrole produit au US n'est pas intégrée au marché mondial (en partie pour des raison politique et en partie pour des raison d'infrastructures : le WTI Crude Oil est produit à l’intérieur des terres au US et il est difficile de l'acheminer aux terminaux pétroliers, d'ou son prix plus bas). Clamer que les US seront bientôt énergétiquement indépendant permet au compagnies pétrolière et gazière de pousser à la libéralisation du marchés et à la construction des infrastructures qui leur permettrait de vendre leur production au prix mondial, c'est a dire au prix fort.



Les industrie pétrolière et gazière utilisent un message trompeur d'indépendance énergétique pour pousser les exportations américaines
par Kurt Cobb

Avec le prix de l’essence atteignant récemment 4 $ le gallon, les plans annoncés la semaine dernière par le géant pétrolier international BP, qu'ils exporterait du pétrole brut produit aux États-Unis devraient faire hurler les Américains. Pour qu'un tel plan soit une bonne politique énergétique - plutôt que simplement rentable pour l'industrie du pétrole - les États-Unis devraient d'abord produire suffisamment de pétrole pour répondre à ses propres besoins. Mais le pays est loin de produire cette quantité. Néanmoins, la campagne trompeuse que mène l'industrie pétrolière visant à faire croire au public et aux décideurs politiques que les États-Unis sont sur le point d'atteindre l'indépendance énergétique semble réussir - une tentative qui n'est en fait qu'un écran de fumée pour pouvoir vendre le pétrole et le gaz naturel du pays au plus offrant .

Jusqu'à présent cette année, les États-Unis ont produit 6,2 millions de barils par jour (mbj) de pétrole brut ainsi que des condensâts (ce qui est la définition du pétrole), chiffre à mettre en rapport à la consommation quotidienne nette qui est de 13,6 mbj de produits pétroliers finis. Le pays est loin d'être libéré des importations de pétrole, et comme je vais l'expliquer plus loin, il n'y a pas de perspective réaliste du fait que nous puissions jamais produire assez de pétrole dans le pays pour satisfaire nos besoins au niveau actuel de la consommation.

C'est pourquoi à ce jour, à l'exception d'expéditions mineures et sporadiques vers quelques pays ainsi que quelque petites livraisons régulières traversant la frontière canadienne, le gouvernement américain n'a permis aucun autre export de pétrole brut domestique. La demande de BP est présumée être une tentative pour amener le pétrole produit dans le Dakota du Nord vers les raffineries du Canada sur la côte Est. Le pétrole produit dans le Dakota du Nord se négocie avec un rabais de 20 $ par rapport au pétrole actuellement importés d'Europe par les raffineries canadiennes.

Les analystes estiment que BP peut expédier au Canada le pétrole du Dakota du Nord par train ou par d'autres moyens et battre ainsi le prix européen. Toutes choses étant égales par ailleurs cela aurait tendance à faire monter le prix du pétrole brut aux États-Unis. L'ironie, bien sûr, est que le Canada exporte une grande partie de sa production de pétrole brut vers les États-Unis, ce qui en fait le plus important fournisseur américain de pétrole importé. Néanmoins, les différences de qualité du pétrole et de l'infrastructure de transport semblent favoriser ce que BP propose.

Le plus préoccupant peut-être pour les consommateurs américains est une demande de licence d'exportation d'une entreprise de négoce suisse, Vitol, qui voudrait obtenir la capacité à exporter du pétrole brut US partout dans le monde, où elle pourrait obtenir un bon prix pour cela. Si cette demande est acceptée, c'est saison ouverte sur l'approvisionnement en pétrole brut intérieur américains.

Pour être clair, le prix du pétrole aux Etats-Unis est déjà basé sur les prix mondiaux. C'est parce que le pétrole peut être livré avec la flotte mondiale de pétrolier à l'endroit où le prix est le plus élevé. Cela tend à égaliser les prix à travers le monde une fois que les frais de transport sont inclus. Mais, parce que l'infrastructure à l'intérieur des États-Unis est insuffisante pour déplacer le pétrole à bon marché vers les ports pétroliers, le prix du pétrole se négocie dans ce cas à un prix inférieur aux prix mondiaux. Donc, chaque fois que les sociétés ou entreprises commerciales croient qu'elles peuvent réduire les coûts de transport, tels que ceux du Dakota du Nord qui n'a pas de littoral, elles vont essayer de transporter le pétrole qui est sous-évalué vers des marchés plus rentables.

Le gaz naturel est une autre affaire. Il n'y a pas encore de système mondial intégré d'acheminement du gaz naturel où le prix est le plus élevé. En Amérique du Nord, le gaz naturel est essentiellement un produit régional. Il peut être déplacé par gazoduc entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, mais ça s'arrête la. Pour cette raison, la surabondance de gaz naturel causé par le sur-forage des nouveau dépôts de gaz de schiste disponibles a fait baisser les prix de façon spectaculaire, passant de 13 $ par millier de pieds cubes (mpc) à la mi-2008 à un peu plus de 3 $ par mcf aujourd'hui.

La surabondance a fait dire que les États-Unis vont bientôt produire la totalité de leur gaz naturel. Dans la pratique, cela ne fonctionne pas de cette façon. Avec de soi-disant vastes réserves de gaz naturel maintenant sous leurs pieds, les Américains ont du importer 14,2 pour cent de leur gaz naturel, en 2011, la quasi-totalité de celui-ci à partir du Canada, selon la US Energy Information Administration (EIA), l'agence statistique de l'US Département of l'énergie. A titre de comparaison, les importations annuelles de gaz naturel aux États-Unis de 1990 à 2010 étaient en moyenne de 16,8 pour cent de la consommation américaine totale. Progrès, certes, mais pas exactement indépendance énergétique.

L'EIA prévoit, cependant, que la production nationale américaine de gaz naturel va augmenter suffisamment pour que les États-Unis puisse devenir un exportateur net de gaz naturel d'ici 2022. Pourtant, certains analystes ont émis des doutes sur ces prévisions. En fait, les allégations disant que les États-Unis en ont pour 100 ans de gaz naturel ont été largement réfutée. Tout d'abord, cette allégation était fondée sur les ressources estimées. Comme je suis obligé de le rappeler aux gens encore et encore, les ressources sont ce que l'on pense être dans la croûte terrestre basée sur des preuves partielle dans le meilleur des cas. Les réserves, d'autre part, sont ce que le forage a montré qui peut être produit en utilisant la technologie existante à prix courants à partir des champs connus. Les réserves prouvées et probables de gaz naturel américain totalisent seulement 22 ans d'approvisionnement au rythme actuel de consommation.


Deuxièmement, le chiffre démenti de 100 ans suppose que nous allons continuer à utiliser le gaz naturel seulement au rythme actuel. Mais cette prévision était cité par des promoteurs de l'industrie qui prévoient de vastes nouvelles applications telles que des véhicules fonctionnant au gaz naturel ce qui augmenterait considérablement le taux de consommation et raccourcirait considérablement le temps d'épuisement. Voici comment j'ai expliqué le problème dans un texte précédent


Des calcul simples de Feuilles de calculs vous diront ce que vous devez savoir a propos de ce qui se passe avec la demande, sous la pression d'un peu de croissance exponentielle. Avec 2 pour cent de croissance par an ... les 100 ans d'offre intérieure de gaz naturel aux États-Unis sont épuisés en 56 ans. Si nous supposons que les pics de production sont aux environ du moment ou 50 pour cent de la ressource est épuisée, cela met le maximum dans les 35 ans. Pensez-y. Même si les optimistes sont correctes, avec un taux de croissance de la production de seulement 2 pour cent par année, le pays a atteint un pic dans les 35 ans! Que ferons-nous après cela? 

L'image est encore bien pire si le taux de croissance de la production augmente. Un taux de 3 pour cent implique l'épuisement en 47 ans et un pic à 31 ans. Un taux de croissance de 5 pour cent signifie l'épuisement en 37 ans et un pic en seulement 26 ans. Maintenant, considérons que les approvisionnements intérieurs vont probablement être moindre qu'on ne le prétend, et vous verrez pourquoi les gaz de schiste ne peuvent tout simplement pas résoudre nos problèmes énergétiques. (A souligner)

Troisièmement, les estimations de l'EIA sur les ressources techniquement récupérables de gaz de schiste aux États-Unis ont chuté de façon spectaculaire de 827 billions de pieds cubes (TCF) à 482 billions de pieds cubes. Et, cela ne nous dit pas si ces ressources serait économiquement récupérables. Dans tous les cas, l'estimation précédente des 827 constituait la base de la très fausse affirmation des 100 années de productions. 

Quatrièmement, les taux annuels de déclin de la production pour les puits de gaz naturel en cours de production aux États-Unis est maintenant d'environ 32 pour cent. Cela signifie qu'en l'absence de forage, la production diminuerait d'un tiers au cours de la prochaine année. Donc, nous devons maintenant percer furieusement juste pour maintenir, sans parler de faire croître nos approvisionnements. Et, le gaz de schiste - qui pour l'EIA ferait 49 pour cent de la production nationale américaine de gaz naturel en 2035 - montre des taux de déclin atteignant 65 pour cent la première année et de 80 pour cent la deuxième année. Il sera difficile de forer suffisamment de puits chaque année pour remplacer la production perdue si la moitié de toute la production provient de gisements de gaz de schiste.

Indépendamment de ce que le niveau futur de la production américaine de gaz naturel se révélera être, si elle est mise à disposition sur le marché mondial, alors les consommateurs américains seront forcés de soumissionner pour elle contre le reste du monde. Voici a quoi cela pourrait ressembler :

Les usines de transformation du gaz naturel le refroidisse à environ -260 degrés F, où il devient liquide. Il est ensuite chargé sur des gaziers au gaz naturel liquéfié (GNL) qui expédient du gaz naturel dans le monde entier. Jusqu'à récemment, toutefois, les États-Unis était un importateur de GNL. Avec le déverrouillage de vastes gisements de gaz de schiste, les terminaux d'importation de GNL ont eu peu d'affaires. Mais un propriétaire de terminal d'importation, Cheniere Energy Partners, LP, a reçu l'autorisation de construire un terminal d'exportation à côté de ses installations d'importation. Beaucoup d'autres espèrent faire de même.

Si l'industrie du gaz naturel arrive à ses fins, chacun d'entre nous aux États-Unis, au Canada et au Mexique paiera le prix mondial du gaz naturel. En Asie, le prix a rebondi entre 13 $ et 18 $ cette année. En Europe, le prix est compris entre 8 $ et 12 $. Les deux continents payent beaucoup plus que les $ 2 à $ 3 qui sont ceux que Amérique du Nord a payé cette année. Et, voici le point clé à retenir : Il ne sera pas question de savoir si les États-Unis produisent assez de gaz naturel pour alimenter tous ses besoins. Une fois que le marché nord-américain du gaz est lié au marché mondial du GNL, tout le monde en Amérique du Nord sera soumise au prix mondial.

Les États-Unis n'atteindront probablement jamais une production de pétrole suffisamment élevé pour répondre à tous ses besoins. La dernière fois que cela était le cas était en 1948. L'EIA prévoit que le mini-boom actuel de la production américaine de pétrole sera à son maximum à 6,7 mbj aux alentours de 2020, et la production américaine sera par la suite amenée à diminuer. Alors que la production de gaz naturel pourrait augmenter pendant un certain temps, il est peu probable qu'elle augmente suffisamment pour permettre au pays de substituer le gaz naturel pour le pétrole dans des applications suffisantes pour compenser la baisse de production américaine de pétrole domestique. En fait, si les sceptiques ont raison, la production nationale de gaz naturel peut ne jamais couvrir complètement les besoins domestiques.

L'industrie pétrolière et gazière est gérée pour servir des bénéfices à ses actionnaires de toutes les façons possibles, mais pas pour aider les États-Unis ou tout autre pays a obtenir l'indépendance énergétique. L'industrie utilise simplement l'idée d'indépendance énergétique pour obtenir que le public et les décideurs aillent dans le sens de l'accroissement des forages sur les terres publiques et les zones sensibles, ainsi que l'assouplissement des réglementations environnementales. Le plan de l'industrie tout au long a été de vendre le pétrole et le gaz qu'elle extrait au plus offrant. Si l'industrie s'inquiétait vraiment de l'indépendance énergétique de l'Amérique, elle ne passerait pas son temps à chercher l'autorisation du gouvernement fédéral pour expédier du pétrole et du gaz à l'étranger.

Nous pouvons nous tourner vers le Canada pour avoir un exemple de ce qui arrive quand l'industrie du pétrole et du gaz détermine l'essentiel de la politique énergétique. Le Canada a produit 2,9 mbj de pétrole brut en 2011. Elle a consommé 2,3 mbj de produits pétroliers. Le pays est au neuvième rang mondial des exportateurs de pétrole brut et de produits pétroliers. Et pourtant, le Canada a importé 43 pour cent de ses besoins en pétrole. C'est parce qu'il est plus rentable pour l'industrie d'expédier du pétrole du Canada - principalement produite dans la partie ouest du pays - au sud des États-Unis pour y être affinée. Les provinces canadiennes de l'Ontario vers l'est, importent 65 pour cent de leurs besoins en pétrole de l'étranger, ce qui signifie qu'un pays qui pourrait facilement être indépendant en énergie est soumis à des chocs d'offre de l'étranger.

L'idée que nous pourrions parvenir à la sécurité énergétique basée sur des produits échangés sur les marchés mondiaux n'est rien d'autre qu'un mensonge intelligent - conçu pour nous empêcher de faire ce que nous avons vraiment besoin de le faire, à savoir, réduire notre dépendance aux combustibles fossiles et à élargir considérablement la production d'énergie alternative comme l'énergie solaire, éolienne et hydroélectrique qui ne peuvent pas facilement être exportées à travers les océans.

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